La légende du Trou Princeton, Môle Saint Nicolas

En décembre 2012, Olivier Testa part faire une reconnaissance à la demande de l’association ADEMA, en collaboration avec la Mairie du Mole St Nicolas (Département du Nord-Ouest).

Grotte du Môle Saint Nicolas
Deux villageois m’accompagnent à la découverte des grottes
Olivier Testa

« Au cours de discussions avec les habitants, j’apprend qu’il y aurait une grotte maudite dans la zone de Mare Rouge qui s’appellerait Trou Princeton. Comme dans de nombreuses grottes du pays, elle serait habitée par un mauvais génie.

Selon Emmanuel Pompilus, l’agent de développement local et guide qui m’accompagne lors de cette mission, cette grotte a été explorée mi-2011, à la suite d’une réunion publique visant à la mise en œuvre du Plan de développement communal, qui planifie l’aménagement de quelques sites touristiques sur le territoire.

Les riverains ont signalé plusieurs grottes, dont le Trou Princeton. Selon les croyances, ce dernier abriterait un « diab », et si des bêtes venaient à être laissées à proximité de l’entrée durant la nuit, celles-ci seraient retrouvées mortes au petit matin.

L’entrée du Trou Princeton
Comme souvent, rien de l’extérieur ne laisse deviner la cavité sous-jacente
Olivier Testa

A l’occasion de cette réunion, Emmanuel avait pénétré sur quelques mètres dans la grotte, sans toutefois rencontrer de monstre. Quelques semaines plus tard, accompagné d’autres personnes travaillant pour l’association, il pénétrait de nouveau dans la cavité et en atteignait le fond. Tous en ressortirent vivants, à la grande surprise des habitants du village réunis autour de l’entrée.

En tant que spéléologue, ce genre de légende me fascine, et c’est une occasion de plus d’aller découvrir une grotte, raconter une histoire, et sans vouloir démonter un mythe, essayer d’en comprendre l’origine.

L’entrée du Trou Princeton se fait par un petit effondrement, par une bouche de 5m de diamètre dans le sol. Il se présente comme une grotte horizontale, haute et large, que l’on peut parcourir sur près de 250 m. Le sol de la galerie est uniformément recouvert d’argile humide ou de boue solide, très glissante, finement redéposée après chaque crue. Une petite colonie de chauves-souris occupe la cavité. Dès l’entrée, de nombreuses concrétions blanches sont visibles, principalement des stalactites. Alors que je m’enfonce plus profondément dans la cavité en faisant attention de ne pas glisser sur cette véritable patinoire souterraine, les stalactites se multiplient, souvent cassées.

Visite du Trou Princeton
Olivier Testa

Quelle bonne surprise, en guise de monstre, de trouver au fonds de la grotte deux sources d’eau potable ! Dans ce village ne disposant d’aucun point d’eau, cette découverte est accueillie comme une bénédiction. Les enfants, généralement chargés des tâches de collecte d’eau, passent plusieurs heures au quotidien pour s’acquitter de cette tâche à une source qui se situe à plusieurs kilomètres du village. Autant de temps qui peut être mis à profit sur les bancs de l’école !

Corvée d’eau dans une grotte
Cet enfant, une lampe à huile à la main, s’enfonce dans la grotte pour puiser l’eau quotidienne
Olivier Testa

Le sol étant extrêmement glissant, sa visite est périlleuse, je conseille donc l’aménagement d’un chemin dallé en pierre sur 150m pour accéder à ces sources, et pour permettre des visites touristiques en toute sécurité. »

Cinq maçons et 10 manœuvres ont travaillé durant quatre jours pour acheminer les pierres et les assembler.

Olivier Testa